CRITIQUES

Kim’s Convenience : blagues et brèves de comptoir

La représentation des communautés asiatiques sur le petit écran fait un pas de plus dans le bon sens avec cette sitcom canadienne, à qui Netflix donne une seconde vie à l’international. Adaptée d’une pièce de théâtre, Kim’s Convenience met en scène les désopilantes aventures d’une famille coréenne de Toronto.

publié le 9 novembre 2021

Kim family

Dans le quartier de Moss Park, dans la banlieue de Toronto, l’Arabe-du-coin s’appelle Monsieur Kim et il est coréen. Quinqua débonnaire, malicieux et parfois sanguin, Monsieur Kim tient l’épicerie de quartier avec son épouse, un petit bout de femme redoutable en affaires et à la répartie légendaire. Les Kim vivent avec leur fille Janet, étudiante en photographie à qu’ils aimeraient voir reprendre leur commerce. Ils ont un fils Jung, qui a quitté la maison familiale encore adolescent, après une violente dispute avec son père. Il est interprété par Simu Liu, qui a depuis entamé une carrière de super-héros chez Marvel. 

Comédie familiale et one-man-show à la fois, Kim’s Convenience explore en cinq saison les petits drames familiaux des Kim, tout en intégrant des apartés sur la vie de bureau ou en colocation, les relations conjugales, la quête d’identité pour ne citer que ceux-là.

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Jung a quitté le foyer famililal après une violente dispute avec son père

Minorités visibles et majorité invisible

Dans les premières saisons, l’essentiel des scénettes se déroulent dans la boutique de Monsieur Kim. La clientèle de Kim est très cosmopolite, à l’image du quartier populaire où se trouve sa boutique. Parmi les personnages récurrents, Monsieur et Madame Mehta, d’origine indienne, Mr Chin, entrepreneur d’origine chinoise, Enrique, infirmer hispanophone et gay, Madame Ada, matriarche d’une famille arrivée récemment du Proche-Orient. Au bout du compte, on finit par s’apercevoir que les questions de société abordées dans la série sont aussi vues à travers le prisme de ces protagonistes aux origines diverses, qui ont un bagage culturel différent de la société dans laquelle ils vivent. Les Mehta évoquent un jour le mariage (arrangé) de leur fils, qui se trouve être le petit ami secret de Janet.

Autre fait notable : Dans Kim’s Convenience, les rôles sont renversés et les personnages blancs sont ceux qui forment la minorité. Peut-on parler de grand-remplacement des canadiens ? Peut-être pas mais cela fait sourire les scruteurs de diversité de Divfactor.  Ce ne sera pas la seule inversion opérée par la série. Shannon, la boss de Jung essaie de le séduire tout en évitant d’être accusée de harcèlement sexuel envers un employé. Et à l’église où vont les Kim, le pasteur est une femme.

 

 

 

shanoon kim convenience boss

En effet, Kim’s Convenience parle aussi de religion, sans se moquer des religieux et cela fait du bien ! Les Kim sont des membres d’une communauté chrétienne où ils retrouvent leurs compatriotes coréens. On comprend assez vite que la religion participe de leur identité. Comme lorsque la série évoque des sujets de société comme l’identité de genre, aucun jugement n’est porté sur l‘existence ou l’absence de foi, y compris chez les Kim. Le lieu du religieux est finalement traité comme tout autre espace, c’est-à-dire comme un lieu de compétition et de pression sociale. Finalement, l’église est une « scène » comme une autre et le bureau de la pasteure, un lieu où on prie et où l’on s’embrasse.

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Nayoung, la cousine coréenne

Portrait(s) de famille

Mettant en scène une famille d’immigrés, Kim’s Convenience joue évidemment sur le comique de langage. L’accent Monsieur et Madame Kim, ou leur anglais sont matière à sourire, mais ils sont loin d’être l’unique ressort comique de la sitcom. Le script fait la part belle aux mots coréens, sans toujours les expliciter, le contraire eut été un peu répétitif. Monsieur Kim est « Appa » (papa) pour ses enfants, « Ajushee » (oncle) pour leurs amis. Après quelques épisodes, vous serez en mesure de porter un toast en coréen (geonbae est l’expression de circonstance), à moins que vous ne soyez pris par l’irrésistible envie de goûter le fameux galbijjim de « Umma » (Madame Kim).

Di√ Score

4/5

Fiche technique

  • Création : Ins Choi, Kevin White
  • Distribution : Paul Sun-Hyung Lee, Jean Yoon, Andrea Bang, Simu Liu, Andrew Phung, Nicole Power
  • Année: 2016
l'auteure

Ndeye Mane Sall

Spécialiste en Communication & Marketing Digital

Amateur de cinéma et de séries, je voulais partager mes derniers coups de coeur (ou pas) sur les productions et l’actualité de cette industrie.

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