CRITIQUES

Master of None : on était les maîtres du monde

La série créée par Aziz Ansari et Alan Yang et deux fois récompensée aux Emmys revient pour une troisième saison inespérée et inspirante. Malgré une rupture scénaristique et esthétique avec les volets précédents, « Moments of Love » a su raconter l’expérience captivante d’une femme noire et queer en quête de maternité.

publié le 8 juillet 2021

couple indien européen
Dev Shah (Aziz Ansari) en compagnie de Rachel (Noël Wells) dans la saison 1. Crédits: K.C. Bailey/Netflix

Si le monde d’avant (la covid) vous manque, Master of None est la série qu’il vous faut. Le titre laisse rêveur, l’acteur principal n’est pas très connu, mais cette série est une pure pépite dont je ne me lasserai jamais de faire l’éloge. Elle raconte l’histoire de Dev Shah, trentenaire, qui vit sa vie à New York et adore manger. Burgers, Bagels et surtout des pastas (c’est plus chic que de dire pâtes). Dit comme ça, ce n’est pas très vendeur… Disons qu’il y a quand même les prises de tête occasionnelles comme un préservatif qui craque. Dev est acteur et fait le tour des auditions à la recherche du rôle de sa vie. Malheureusement on ne lui propose de jouer que des personnages stéréotypés ou dans des publicités un peu débiles.

L’âge de tous les possibles

A travers les péripéties de la vie de Dev(Aziz Ansari), la série aborde sous l’angle de l’absurde et du comique mais cette période charnière entre 30 et 35 ans où l’on sort de la fleur de l’âge. Certains fondent une famille, d’autres ont enfin le job de leur rêve mais tous sont à peu près d’accord que les belles années sont derrière eux. Les possibilités professionnelles et sentimentales s’amenuisent à vue d’œil, tout comme la marge d’erreur. Soit on est considéré comme quelqu’un qui a réussi (malgré la complexité que recouvre cette notion) ou comme le plus malchanceux (pour ne pas dire loser) de la famille ou du cercle d’amis.

Grâce à une talentueuse équipe de scénaristes, dont Ansari, Alan Yang et Lena Waithe qui joue Denise, l’amie gay de Dev, Master of None arrive à nous faire rire et réfléchir sur des thématiques quasi-universelles comme la parentalité, les applis de dating, le harcèlement de rue ou la peur de l’échec. En outre, Master of None est à mon avis la seule série qui réussit l’exploit de raconter avec humour et profondeur les expériences très particulières que peuvent traverser les personnes racisées au travail, en boîte de nuit ou au coin de la rue. Les épisodes les plus savoureux de la série sont « Mornings » et « Parents », cette dernière étant une réflexion sur le décalage entre les descendants d’immigrés et leurs parents.

Entre nous, je vais être honnête. Master of None a quelque part contribué à la genèse de Div Factor. L’épisode « Indians on TV » raconte la lutte constante des acteurs et créateurs racisés pour ne pas être confinés à des rôles stéréotypés et le travail qu’ils font au quotidien pour apporter plus de nuances aux personnages qu’ils jouent. Cet épisode égratigne au passage la cancel culture. Dénonciateurs, dénoncés : tout le monde y passe mais on reconnaît pourtant à chacun sa part de vérité. Stylé.

Vespas et fettucinis

La vibe de la saison 2 est un peu différente mais elle est tout aussi riches en memes et en pépites. Voici les mots clés.

La bella vita.

Bromance!!!

Pastas…

Amour impossible?

Pure jouissance. Jusqu’à ce que l’élan de Master of None ne soit brisé net par l’implication d’Ansari dans un scandale de type « Me too » en 2019.

Une nouvelle...Eve!

femme en visite grossesse master of none
Naomie Ackie interprète Alicia, une femme qui fait un enfant toute seule. Crédits : Netflix

L’arrivée de la troisième saison était douce-amère pour les inconditionnels de Dev comme moi. C’était dur de voir le personnage s’effacer au profit de Denise et sa nonchalance. Mais au final, je trouve qu’on n’a pas trop perdu au change car Master of None s’est recentré sur ce que la série fait de mieux : nous mettre dans la peau d’individus qui font l’expérience de la discrimination à cause de leur origine ou de leur orientation sexuelle. En l’occurrence pour « Moments of Love », l’enjeu était de montrer que les couples gays sont des couples comme les autres, avec ses dynamiques de pouvoir et ses problématiques à résoudre. On quitte New-York pour un huis-clos intermittent dans la maison de campagne de Denise et Alicia, un duo qui en apparence a tout pour être heureux.

Sans surprise, le calme et la volupté laissent peu à peu place à l’ennui et la mélancolie, deux sentiments qui font partie du zeitgest de ces deux années de pandémie. Le tempo lent, le grain de l’image, l’expressivité de Naomie Ackie et son chemin de croix pour devenir mère font de « Moments in Love » une histoire intéressante malgré une rupture tranchée avec la recette originale de Master of None. Par ailleurs, puisque Dev a fait une petite apparition dans ce volet, qui sait, on le reverra peut-être dans une quatrième saison. Il est encore permis de rêver….

Di√ Score

5/5

Fiche technique

  • Titre original: Master of None
  • Créateurs: Aziz Ansari et Alan Yang
  • Distribution: Aziz Ansari, Lena Waithe, Kelvin Yu, Noël Wells, Alessandra Mastronardi, Naomie Ackie
  • Année: 2015
l'auteure

Ndeye Mane Sall

Spécialiste en Communication & Marketing Digital

Amateur de cinéma et de séries, je voulais partager mes derniers coups de coeur (ou pas) sur les productions et l’actualité de cette industrie.

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