CRITIQUES

Get me some hair : d'une tête à l'autre

Get me some hair explore la relation complexe de certaines femmes noires avec leurs cheveux au nature, ainsi qu’au commerce de cette marchandise très particulière qu’est le cheveu humain.

publié le 29 mars 2020

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Une pose d'extensions dans un salon de coiffure. Capture d'écran

Après l’annonce de la série sur Madam C.J. Walker et un article sur Medium, voici autre histoire de cheveux!  Elle est racontée par un film documentaire diffusé sur la chaîne française ARTE le 24 mars dernier: Get me some hair du réalisateur allemand Lars Barthel. Il réunit la Jamaïque, la Birmanie l’Allemagne dans un triptyque haut en couleur qui a pour fil conducteur le commerce de cheveux humains. Le sujet n’est pas nouveau, Chris Rock a enquêté sur ce phénomène avec Good Hair, un autre documentaire sorti en 2009. Alors pourquoi regarder Get me some hair?

L’objet du documentaire : Antoinette

Le film suit les pérégrinations d’Antoinette, la femme de Lars qui porte des extensions capillaires pour masquer ses vrais cheveux. Elle les trouve trop courts et pas assez beaux. Elle les appelle d’ailleurs son « bombo brush », comme pour mieux exaspérer Lars qui a visiblement beaucoup de mal à comprendre cette obsession. D’ailleurs elle ne regarde que très peu la caméra la caméra. Son regard cherche celui de son interlocuteur. Ce chassé-croisé atteint son paroxysme lors d’une scène qui révèle le pouvoir de nuisance des mots, insensible au temps et à la distance. Antoinette se voit et s’entend encore comme une« négresse » . Même en  Allemagne, même en 2018.

Mais Antoinette n’a pas la langue dans sa poche. Elle soutient ses choix mordicus, déjoue les stratégies du réalisateur lorsqu’il essaie de lui faire penser son aliénation aux standards de beauté occidentaux. Elle a du bagout, en allemand comme en patois. Objet de désir et de curiosité, elle refuse pourtant d’être objet d’étude ethnographique.

La fin du documentaire: Aunty Mary

Sous ses airs d’enquête, Get me some hair est un film familial qui ne dit pas son nom . Il se défait très vite de la promesse informative du reportage, entraîné par une quête poétique du « moment de vérité ». Le réalisateur n’hésite pas à aller puiser dans ses vidéos familiales pour le trouver. Antoinette qui monte aux arbres, Antoinette au milieu de ses soeurs, Antoinette qui fait du jerk chicken….jusqu’à l’irruption de Aunty Mary.

Aunty Mary serait-elle la véritable raison Get me some hair ? La question mérite d’être posée. Cette femme de caractère qui s’improvise entrepreneur dans le commerce de cheveu prend très vite les traits d’une figure familière et familiale, d’un monstre sacré! Elle semblait éternelle et là voilà en train de s’éteindre devant les yeux du spectateur. Et tout cela dans une ambiance mystique de danses initiatiques, de cheveux hantés par des esprits jamaïcains et des fantômes birmans.

Di√ Score

3/5

Fiche technique

  • Réalisation : Lars Barthel

  • Durée: 81 min

  • Année: 2018

  • Disponible sur ARTE du 21/03/2020
    au 20/06/2020

l'auteure

Ndeye Mane Sall

Spécialiste en Communication & Marketing Digital

Amateur de cinéma et de séries, je voulais partager mes derniers coups de coeur (ou pas) sur les productions et l’actualité de cette industrie.

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Cet article a 2 commentaires

  1. alix

    Merci de m’avoir fait découvrir l’épopée capillaire passionnante d’Antoinette et 👏 pour ce site très pro et riche en pépites !

    1. Ndeye Mane

      Merci Alix 🙂

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